Une voix féminine s'immisce en nous. Elle nous parle d'un monde ou des gens ordinaires, employés dans la même entreprise qu'elle cohabitent. Ils sont les angles morts de la société, des êtres dont la vie semble gelée. Ce qu'ils font de leurs mains, nul ne s'y intéresse si ce n'est quelques journalistes quand une vague de suicide frappe soudain l'entreprise.
Dans ce monde, la femme est attirée par un homme - bloc minéral, silencieux, à peine humain - un étranger venu d'une autre ville. Le jour il erre sur les route. La nuit dans l'immense fabrique, il surveille les machines. L'homme reste une énigme pour les autres, auxquels il préfère souvent le silence des machines. Tantôt il tente une aventure avec une jeune fille, grimpe toutes les nuits jusqu'à sa fenêtre et, à travers la vitre, joue à caresser de son ombre le corps exposé de la dormeuse. Tantôt il reste seul dans les ateliers, ou il confectionne d'étranges objets mécaniques, des objets presque humains que les gens viennent admirer. Ils parlent d'œuvres d'art. Mais l'homme, lui, n'en parle pas.
Tous ces êtres dont la vie est comme figée guettent une autre histoire. Et finalement, cette histoire advient...
/Permafrost nous parle de cette envie irrésistible d'aller nous asseoir au creux des autres, qui est aussi une peur. Ce serait la chronologie de cette peur et de ce désir. Ce serait aussi une histoire à deux. La mise au monde de quelque chose de plus grand que soi.
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