Le Bagne est la queue de comète carcérale de Genet : de 1942 où il ébaucha Haute Surveillance, à 1964 où il abandonna la rédaction du Bagne, Genet n'a cessé d'ériger l'enfermement en idéal d'une vie essentialisée, car proche de la mort. Cayenne est pour lui le nouvel Eden, paradis perdu auquel seul le crime permet d'accéder, auquel seule la surenchère dans le crime permet d'ajouter un éclair de totale réalisation de soi avant que le couteau de la guillotine n'en vienne sanctifier la perte. A ce jeu de qui perd gagne jouent les forçats Rocky, Ferranbd et Forlano : d'abord rivaux, ils finiront par reconnaître qu'ils sont é égalité de haine et de pouvoir pour tromper et ridiculiser les maîtres du bagne. Dans le lieu clos s'anime, traitée avec humour et sarcasme, une société d'exclus - bagnards aussi bien que gardiens - malfaisant et retors, tout ensemble lucides et aliénés par leurs rêves.
Le Bagne met un point d'orgue en même temps que de suspension à l'œuvre théâtrale de Genet.
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